Sunday, May 14, 2017

Microcosmos pour Guitare

André Hajdu avait composé, à Paris, un livre pour guitare appelé "MICROCOSMOS pour GUITARE". Il s'agit de petits morceaux destinés à apprendre à jouer de la guitare de la manière la plus musicale possible.
Ce titre fait référence au titre des livres composés par Béla Bartók : "MICROCOSMOS pour PIANO".

André Hadju a été élève d’Anton Kodaly qui, avec Béla Bartók, ont révolutionné l’enseignement musical en Hongrie donnant, jusqu'à ce jour les plus grands musiciens. 

Comment entrer dans la musique sans se préoccuper du langage ou de la grammaire musicale ?
Comment éliminer les difficultés d'un enfant ou d'un amateur désireux d'étudier sincèrement la musique ?
Dans le système scolaire de beaucoup de pays, la pensée politique instaure une  sélection. Par exemple, l'amateur,  avant de commencer à pratiquer son instrument doit apprendre à lire la musique pendant 3 ans, passé par les classes de solfège, ce qui permet au système d'éliminer bon nombre de candidats. Ces candidats n'ayant pas toujours la patience d'attendre une hypothétique entrée dans la classe de l'instrument abandonnent leur projet.

Mon d'expérience, au sein de ces institutions, m'a permis de comprendre et d'analyser la violence d'un système qui force les élèves à penser à la finalité plutôt qu'à la manière qui amène au plaisir d'apprendre.  

La langue maternelle s'apprend en douceur dans un rapport qui se crée entre la Mère et l'enfant. Dans cette relation, la parole s'apprend avant l'écriture.
Le lien de transmission (les parents, le professeur ensuite) doit passer de main en main, sans violence, comme dans une course de relais.
Ainsi la transmission (le relai) sera assimilée de manière organique par le débutant et l'amateur de musique. Un transmetteur est celui qui enlève les petits cailloux, les petites difficultés sur la route du savoir et de la tradition et facilite donc le chemin.


Dans ce sens, mes efforts pédagogiques et mes recherches m'ont amené à  créer ce BLOG, basé sur "MICROCOSMOS pour GUITARE"  en pensant  à une manière, que je voudrais la plus efficace, pour nettoyer la route au futur musicien guitariste.
Je cherche et continue à imaginer une aide à  l'intégration de ce double acte "lecture et écoute".  Voir, regarder, entendre, écouter.
La vision, avec son rythme plus rapide, permet une saisie du mouvement que la vitesse lente de l'écoute ne permet pas.

Concentrer le néophyte sur la mémoire et l'intégration de l'instrument avec le corps d'une manière douce, élargir ses possibilités, apprendre à mémoriser dans le plaisir et non dans la contrainte, attirer l'attention sur la conscience du geste pour le mémoriser, sont les objectifs à atteindre.

La parole d'explication peut perturber l'apprentissage, voire créer une barrière entre l'élève et le professeur.
En effet, dans l'enseignement musical, la parole peut créer des crispations et des blocages si elle est mal interprétée.  Il s'agit plutôt d'instaurer une relation vraiment audio-visuelle : Audio parce que le musicien doit faire attention à ce qu'il entend et visuelle parce qu'il doit comprendre la partition et suivre les indications.
Nous veillerons donc à porter une attention soutenue à l'écoute et à la vue.

Diverses considérations doivent être prises en compte :
-     enseigner en servant d'exemple visuel afin que l'amateur mémorise visuellement les gestes. Notons l'importance des neurones miroirs.
-     Sensibiliser l'amateur à la différence qui existe entre la vitesse rapide de la vision et celle plus lente de l'écoute
-     Nettoyer le chemin du "savoir-faire"

Nettoyer le chemin du "savoir-faire" c'est éliminer la peur de faire des erreurs.
Cette peur que tout le monde ressent face à quelque chose qu'il voudrait pouvoir faire sans savoir "comment".

Dans ce travail, j'accorde de l'importance à la priorité du "faire attention".

Pour éliminer la violence des mouvements du corps face à des gestes nouveaux qui devront s'adapte à un nouvel instrument, il faut penser à l'instrument comme un prolongement du corps et de la main. 
Il est également nécessaire d'apprendre à ne pas se précipiter pour arriver au but, apprendre à prendre son temps : le temps, le rythme, le mouvement sont le squelette de la musique.

Quand arrive le moment de jouer, il est bon de nettoyer son esprit de toutes les images vues et enregistrées sur les différentes manières de jouer de la guitare pour, ouvrir et créer son propre son.
L'imitation stérile n'aide pas à découvrir son propre monde.

Le transmetteur se doit d'enlever les pierres de ce chemin. C'est à celui qui prend la responsabilité de transmettre qu'incombe cette tâche.
Il s'agit pour lui de faire passer une connaissance sans l'ambiguïté du "mot".
Selon moi, la musique ne rentre pas dans les domaines où le savoir est transmis à l'aide des mots.

Il fait d'amener le futur musicien à sentir et non à comprendre afin de l'amener à s'ouvrir à ce langage non verbal, le langage musical. Ce dernier donne accès à un autre domaine de connaissance.
De ce fait, l'expérience musicale est un autre type d'expérience communicative.

Dans la pratique artistique, nous ne pouvons pas employer le mot de perfection. Il faudrait penser au mot "excellence".
L'idée de perfection est liée à l'angoisse du temps qui passe, la peur de faire une erreur, la pensée de la totalité et de la finalité.
L'artiste tend, malgré lui à l'inachevé

La musique vivante n'est pas protégée par le risque de faire une erreur.
L'artiste n'est pas un ingénieur qui produit un objet fini et renouvelable à loisir. C'est un homme fragile marchant comme un funambule sur une corde raide.
C'est par miracle que son produit, si c'est un produit, peut aboutir.



Si la musique est un langage, il est non verbal et ne signifie pas.
C'est un langage qui ne porte pas sur le sens, comme sur le sens d'un mot.
Les codes de la musique sont simples : une corde produit un son qui s'appelle une note. 

Il faudrait sentir en écoutant la musique de la voix humaine qui parle.
Ne pas se concentrer uniquement sur le sens des mots mais sur la musique avec laquelle ces mots sont articulés, le son vivant de chaque individu étant unique. Chaque être vivant possède un son qui le distingue entre tous.

La transmission est devoir pour aider l'amateur à se transformer, se métamorphoser, s'améliorer lentement sans brutalité, dans la douceur, celle qui aide à épanouir chaque personnalité

Au début, l'amateur ne peut pas tout mémoriser, parce qu'il y a beaucoup de notions à assimiler : calmer son corps, savoir diriger sa vision et son écoute,  trouver une position confortable, etc....

Dans ce BLOG, sans quitter l'esprit de la musique,  je joue le plus simplement possible. J'introduis le morceau en jouant avec des petites formules rythmiques, je prends mon temps pour avancer peu à peu dans la continuité, le flux et le plaisir.   

Lire et comprendre une partition de guitare est compliqué. J'essaie de résorber ces obstacles en faisant agir la mémoire afin que la partition devienne un tableau comme un tableau de peinture que l'on contemple.
Cette action permettra ainsi de mémoriser plus aisément tous ces codes.

Dans l'enseignement occidental, le corps est ignoré depuis Descartes et son insistance à séparer le corps de l'esprit. Cette dualité a tué énormément de talents. 

J'ai choisi d'enseigner à partir du livre d'André Hadju pour lui rendre hommage, hommage à son amitié et à sa patience.



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