Monday, July 17, 2017

Interview d'André par Itaï au studio Haoman 18 - 17/06/13 - 2

Une fois la liberté des lettres acquise, grâce à la lecture, on a la possibilité de jouer avec, et elles nous amènent vers plus de profondeur.
J’ai découvert que l’homme a la force d’actualiser ses souvenirs, qu’il s’agisse de ses souvenirs d’enfance ou bien d’autres souvenirs. On me connaît en tant que « souvenir », selon la mémoire de chacun. Mais cela ne représente même pas un pour cent de ce que je me connais moi-même.
J’ai compris que la langue, avec les combinaisons sonores, créent des codes. On commence avec un code, puis un souvenir enfoui sort soudainement. Des choses merveilleuses sortent alors de moi-même, l’homme âgé, l’homme religieux…
J’ai lu récemment un texte de Carl Jung, un psychologue connu. Dans ce texte, il explique qu’il avait remarqué qu’il aimait s’amuser en alignant des petits cubes. Il s’est donc dit qu’il y avait une partie de lui qui aimait s’amuser. Cela a révélé des choses merveilleuses. S’amuser et aimer s’amuser ouvrent les portes de l’imagination et de la création.
Je ne suis pas un surréaliste qui ne transcrit que des émotions. J’essaye d’écrire également des textes significatifs. Je ne me comporte pas comme un avant-gardiste se séparant de toute signification. Je me comporte comme un client : d’abord, l’affect, ensuite, l’intellect. Si l’on commence directement avec l’intellect, on ne peut pas avancer. Je l’ai déjà expliqué lors de plusieurs conférences, en citant le Rav Chla*. On ne peut pas commencer avec ce qui est de plus viscéral. On commence, pour apprendre une langue, à apprendre la prononciation des lettres. On remarque que les juifs connaissent depuis plus de deux mille ans la langue hébraïque dans ses moindres détails. Je ne pense pas que c’était le cas des hongrois. Ce que je connais de la langue hongroise est différent, c’est une langue qui semble ne pas avoir de codes.
Je souhaiterais prendre quelques minutes et réfléchir sur ce qu’est l’enseignement de la prononciation des lettres. Je vous laisse la parole autant de temps que vous le souhaitez. Ensuite, nous continuerons à aborder ce sujet, mais à propos de l’hébreu.

·       * Rabbi Yeshaya Horowitz, couramment appelé Chlah Hakadoch.
Né en 1558 à Prague, il est très tôt désigné comme une autorité de sa génération.
Président du tribunal rabbinique et chef de Yéchiva, il voyage dans toute l’Europe avant de s’installer en Israël. Il y rencontre
les plus grandes sommités du judaïsme tel que Rabbi Yossef Qaro, ou encore le Ari Zal, et profite de sa proximité pour rendre visite aux plus grands rabbanims d’Orient à Salonique, à Alep et découvrir au passage à Damas le manuscrit Êts ׳Hayim du Rav H ׳ayim Vital.
C’est en Israël également que le Chlah Hakadoch rédige son ouvrage principal:
Les deux tables de l ׳Alliance, Chnéï Louh׳ot Habrit.
Enterré à côté de la tombe de Maïmonide en 1628, ce cabaliste chevronné a laissé des trésors d’études aux générations qui lui succède ainsi qu’une prière très particulière destinée à protéger les enfants et leur assurer un lumineux avenir.

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