Monday, April 24, 2017

Elyahou 27-3-17 5/5

e faisais des choses dangereuses pour ma propre vie.
Mes parents ont quitté l'Algérie à la fin de la guerre. Ma mère a été
agressée. Elle a eu une fracture du crâne qui l'a contraint à rester à
l'hôpital quelques mois.
Après son agression, elle a gardé des séquelles, ne voyant plus que d'un
seul côté.
Comme beaucoup de gens, ils sont restés en Algérie, après
l'indépendance pour disaient-ils "liquider les biens".
Été 56, ma dernière année en Algérie, je l'ai passé en clinique
psychiatrique. Quand je suis revenu à Oran, mes parents ont décidé de me
mettre en pension à Strasbourg.
A près Strasbourg et ma péritonite aiguë, je suis parti pour Paris où j'ai
rencontré André.
En 58, André m'a conseillé de rentrer en Algérie, terminer mes études.
À partir de là, j'ai toute une correspondance avec André.
Bien que brillant dans mes études, en classe de 3e, dans une école privée,
je n'ai pas fini mon cursus. Je ne supportais plus.
Je ne supportais plus de rester avec mes parents. J'ai donc décidé de
repartir pour Paris.
Mon voisin, Daniel Benguigui, dont le père était médecin, avait une femme
un peu bizarre. Quand ils se disputaient, elle déchirait les billets de
banque.
Ils avaient, comme nous, tout un pallier, d'un côté son cabinet et de l'autre
son logement.
Avec Daniel, nous avions une petite pièce, où nous avons passé une nuit
entière à recoller des billets pour pouvoir payer mon billet de bateau qui
me ramènerait en France.
André m'avait envoyé de l'argent pour prendre le train de Marseille à
Paris. C'est comme ça, que je suis revenue en France en 59.
Je suis resté un peu clandestin en attendant de trouver une chambre. J'ai
donc habité seul très jeune.

Mes parents étaient dépassés, je ne leur ai pas demandé leur avis, ils
n'avaient pas de prise sur moi. J'avais une grande volonté.
J'étais déjà dans une autre monde. Je savais ce que je voulais faire et
mettais tout en oeuvre pour réaliser mes rêves.
C'est pour cela que j'ai autant de reconnaissance envers André.
Il y a eu, entre nous, une affection, beaucoup de choses que je n'ai trouvé
chez personne d'autre, ni mon frère, ni ma famille.
Mon grand problème, est que j'ai voulu, pendant des années, couper
complètement toute relation avec ma famille. Je ne pense pas que ce soit
possible. La coupure doit se faire de l'intérieur. C'est pas parce qu'on
coupe que les problèmes ne continuent pas à courir.
C'est pour cela, que tout le travail de réévaluation de mes souvenirs, de
mes interprétations d'enfance, de mon rapport filial, ont été nécessaires
pour que je comprenne finalement que des trois enfants que ma mère a
eu, c'est moi qu'elle aimait. Et c'est parce qu'elle m'aimait, qu'il y avait tous
ces conflits entre nous.
Mes revendications d'existence, c'était pour combler un vide. Ce même
vide que ma mère a eu parce qu'elle n'a pas connu son père.
Ma grand mère maternelle était mariée, elle a eu ma tante, puis est arrivée
la guerre de 14. Son mari est parti, et il est décédé à Verdun. Ma grand
mère était alors enceinte de ma mère.
Mon grand père, avant la guerre, était usurier, il prêtait de l'argent. Ma
grand mère a retrouvé une boite, pleine de toutes les reconnaissances de
dettes. Elle a tout déchiré et n'a jamais rien réclamé.
Elle a commencé un travail de dentelière pour faire vivre ses enfants. Elle
elle était très douée.
Plus tard, comme elle avait de la famille en France, elle est venue s'y
installer et à ouvert une boutique de dentelle à Paris.
Elle ne s'est jamais remariée, ce qui a laissé un grand vide tant pour elle
que pour ma mère. Après quelques années, elle est retournée en Algérie.
Mon père aussi a était orphelin très jeune, vers l'âge de 14 ans.

Il a été élevé par son frère aîné qui à la mort des parents a loué une
maison pour réunir la fratrie. Ils était 3 frères et une soeur.
La soeur, pour ne pas rester seule avec des garçons est partie chez une
tante.
C'est donc mon oncle,Georges, qui a éduqué de mon père. Il était
comptable.
Ma grand mère, devenant vieille, partageait son temps entre vivre chez ma
tante à eintemouchen et chez ma mère à Oran. Chez moi, elle avait sa
chambre qu'elle partageait avec ma soeur.
C'était ma seule grand mère. Elle avait des problème de santé, parlait peu,
mais elle était là, et ça faisait une présence.
Beaucoup plus tard, ce sera grâce à Tali, que j'arrive maintenant à
regarder des photos de ma famille. Je n'arrivais pas à les regarder en
face, je détournais la tête.
Toute interprétation est fausse. Comme les souvenirs. Vous avez un rêve
vous voulez l'écrire et à partir du moment où on prend la plume, le rêve se
transforme.
Il faut des années de discours et de rapports avec un analyste neutre,
pour permettre de distiller le poison qui se trouve dans l'inconscient des
souvenirs. On peut parfois prendre des fausses pistes qui peuvent mener
à la folie.
Le travail analytique a au moins la vertu de faire couler la parole qui
permet de nettoyer le poison du souvenir, du mauvais souvenir, qui
conduira à une autre vision, sans amertume,

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