souvenirs de ma relation avec André 27-09-16 partie 2
Quand j’ai partagé ma vie avec Frédérique, elle eut beaucoup
de bonnes intentions, et une volonté d’extérioriser mon travail. Grâce à elle
et ses efforts, elle a pu faire imprimer le livre d’André. Elle a trouvé un
éditeur, qui a imprimé le livre « Microcosmos pour Guitare ». Loulou,
le cousin de Dadou, à qui j’avais demandé d’illustrer la couverture, a fait une
gravure en reprenant les photos de Burt Krancer, cet ami cinéaste colocataire
de la chambre dans la Maison d’Etudiants rue Guy Patin. Cette gravure
représente, sur un fond noir, une danse de mains en lignes dorées.
Je suis actuellement en train de préparer une nouvelle
édition avec un essai pédagogique de l’écriture de ces morceaux afin de
faciliter la lecture pour les débutants et les amateurs de guitare. J’aurais aimé
pouvoir le finir avant son départ. Je lui en avais parlé. Il n’y était pas
réticent, mais j’aurais voulu qu’il puisse l’entendre. Il est étrange que je n’aie
pas pensé plus tôt à le faire, peut – être est – ce dû à mon interruption comme
professeur.
J’avais enregistré certains morceaux du livre avec mon
professeur de Zarb, Djamchid Chemirani. Cela a donné un petit
« quarante-cinq tours », qui était accompagné d’une gravure originale
de Loulou. Je reprends cette idée d’accompagnement au Zarb avec Yaniv Schentser,
un de mes élèves de Zarb, et Yoni Niv, élève d’André qui ajoutera le son de son
violoncelle aux compositions d’André.
Frédérique m’a aidé à sortir de mon « état » de
« professeur ». J’étais à l’époque professeur à la « Schola
Cantorum », où elle était venue s’inscrire pour apprendre la guitare. Elle
habitait avec sa famille à Saint – Germain – en – Laye, qu’elle a quittée pour
venir habiter avec moi, rue des Blancs Manteaux. Elle avait rencontré Tony
Gatlif, devenu metteur en scène, né en Algérie, de mère Tzigane, dans un cours
de théâtre qu’elle suivait avec Sylvie. Sylvie s’est mariée plus tard avec
Dadou.
Après quelques mois de notre vie commune rue des Blancs
Manteaux, nous avons décidé de louer une petite maison à Maisons – Laffitte,
avec Tony Gatlif et une autre amie de Frédérique. A présent, Tony Gatlif est devenu
un metteur en scène mondialement connu. Quand il a commencé à faire ses
premiers films, il avait demandé à Frédérique si je pouvais écrire des chansons
pour son film. Frédérique avait écrit les paroles, j’avais écrit la musique. Cette
cohabitation et nos stations matinales dans la cuisine où nous prenions notre
petit – déjeuner, nos échanges et nos espoirs pour la réalisation de nos désirs
artistiques, lui a permis de prendre et d’insérer dans ses films nos
discussions et mon comportement. Une année passée ensemble dans cette campagne
qui vivait de l’élevage et du dressage et chevaux de course était un étonnement
pour moi. Loulou Taïeb venait nous visiter avec sa voiture de sport, qu’il
avait réussi à s’acheter grâce à la réussite de son travail de maquettiste.
Loulou, malgré son état, a voulu voyager et a habité chez
moi une semaine. Il connaissait André, et a voulu le visiter. André était déjà
souvent alité. C’était une semaine où nous avions pu « nettoyer » et
parler de nos années d’amitié. A son retour, il a écrit une lettre à André, et
j’ai été étonné de ne rien recevoir de lui.
Loulou m’a récemment téléphoné pour s’excuser car il avait
senti un peu que j’étais blessé. Mais il ne m’a pas écrit. Il m’a dit :
« je viens de recevoir la lettre que je t’ai écrit en même temps qu’à
André, elle m’a été retournée ». Après quarante ans de silence où je ne
lui ai pas parlé et je ne l’ai pas vu, dans une de mes visites à Paris, grâce à
Dadou, je me suis remis à parler à Loulou. Nous marchions boulevard
Beaumarchais, son téléphone sonne. C’était Loulou. Dadou m’a passé son
téléphone sans m’avoir dit à qui j’allais avoir à parler. Nous avons pris
rendez – vous et je suis allé le visiter dans son studio, dans le dix-septième
arrondissement. On a passé trois heures ensemble. J’ai senti ces moments
agréables et frais et que l’on pouvait nettoyer une amitié. Je ne voulais pas
finir ma vie avec les mauvais souvenirs que son comportement avait provoqués en
moi. La visite a été agréable, et j’ai été heureux de notre conversation.
Avec Loulou, Sidi, et Dadou, nous avions une manière de rire
que je n’ai jamais retrouvée. André ne riait pas beaucoup. Loulou, c’était le
rire. Avec Sidi, on pouvait se rouler par terre de rire. Il était comédien.
Sa visite a questionné mon désir de le revoir si je vais à
Paris. Je doute. Mais le rapport n’est pas rompu. Loulou a voulu renouer la
relation. Avant son départ pour Paris, j’avais écrit un texte pour lui, qui l’a
touché. Je lui avais dit de le lire seulement dans l’avion. Il m’avait demandé
si c’était de moi. Je ne m’en souvenais plus.
Loulou ne s’est pas remarié après sa liaison avec
Frédérique. J’ai revu Frédérique plusieurs fois. La dernière fois, elle avait
organisé un petit repas avec Loulou et Muriel, une amie commune.
Venant d’Israël, je me retrouvais dans des
« codes » anciens et nouveaux, et j’ai dû me réhabituer à leur
langage pour ne pas avoir l’air de tomber du ciel. Comprendre ce qui se passait
dans ce rapport de force entre deux femmes, et leur rapport avec Loulou.
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