souvenirs de ma relation avec André Hajdu 27-09-16 partie 3
Depuis quelques années, je n’accepte plus d’invitation, et j’essaye
de comprendre cette sorte d’asociabilité. Je préfère organiser mes rencontres dans
les cafés pour que le dialogue soit plus facile, l’espace du café étant un
espace « neutre ».
Frédérique H. habite maintenant Paris avec le fils qu’elle a
eu avec Loulou. Je ne « courriellise » pas avec elle, car elle ne
répond pas aux envois. Après notre rencontre, et une petite vie en commun, elle
a eu envie de devenir une chanteuse, compositrice et interprète. Loulou et moi avions une
estimation différente de ses qualités artistiques. Après notre séparation, et
sa vie avec Loulou, à présent, elle fait de la peinture. A ma dernière visite à
Paris, elle m’a invité à voir ses peintures et dessins. Elle m’a exposé des
dessins qui me représentaient. Dernièrement, elle a récemment utilisé des
nouvelles techniques de peintures que j’ai aimées. Elle est maintenant séparée
de Loulou. Loulou n’étant pas un homme facile, je peux comprendre ou
interpréter les motifs de leur séparation. Loulou T., être constant, n’a jamais
voulu abandonner un amour d’enfance, duquel il a eu une fille. Cet amour d’enfance,
étant marié avec un ami d’enfance de Loulou. C’est la « soupe
parisienne », où sont plongés les émigrés, les transplantés que nous
étions. Mon éthique, heureusement, m’a permis de ne pas manger de cette même « soupe ».
J’avais des « défenses immunitaires » pour me protégé contre
l’immoralité de ce type de relations.
Loulou vit maintenant avec son chat dans un studio pour les
artistes, et me raconte les dialogues qu’il entretient avec son chat. Son chat
lui parle. Il a eu deux enfants, une fille qui lui avait été cachée, et le fils
qu’il a eu avec Frédérique H.
Ma réaction dans ce type d’évènement, de plus en plus
fréquent dans notre modernité, a été de ne pas choisir de faire des compromis. Il
s’agissait de rompre, non pas seulement pour ne pas souffrir, mais pour éviter
de se trouver dans des situations inconfortables.
Comprendre les différences fondamentales entre l’amour et l’amitié.
Ne pas confondre.
Il y a des gens avec qui l’on peut continuer à être en
relation amicale après une relation amoureuse. Je n’ai pas voulu vivre en trio,
sujet des « comédies de boulevard », mais m’écarter et ne plus avoir
de relation, ni avec Frédérique, ni avec Loulou.
Après quarante ans de silence, grâce à Dadou, j’ai changé ma
position, et j’ai voulu « nettoyer » ces relations, tout en
connaissant les limites du « nettoyage ».
Dans ces années soixante-dix – quatre-vingt, André n’habitait
plus Paris. Venant d’Israël pour une visite, il avait choisi d’habiter dans un
petit hôtel, dans une rue proche de la rue du Faubourg Montmartre, qui était à
l’époque un quartier où se trouvaient beaucoup de restaurants tunisiens. J’étais
encore sous le choc de ma rupture avec Frédérique, ressentie comme une
catastrophe. Voulant en parler avec André, André, par pudeur naturelle, tout en
écoutant ma douleur, n’a pas cherché à me donner une direction de comportement.
Cette douleur insupportable m’a poussé à chercher une
solution spirituelle. Je suis devenu moine « zen » dans le dojo de
Maître Deshimaru. Je pensais que cette discipline m’aiderait à chercher un
repos pour mon âme, et ne pas cristalliser cette douleur, mais à la fluidifier.
Cette technique, « l’asseoir », a beaucoup aidé à guérir mon dos,
crispé par la mauvaise manière de m’asseoir pour jouer de la guitare.
Après trois ans, j’ai quitté ce Maître zen. Tous les
« collègues » qui débutaient dans cet enseignement à l’époque sont
devenus chefs de mouvements « zen », de cette tradition qui leur
avait été enseignée à Paris. Le « maître » est mort. Eux – mêmes sont
devenus « maîtres » à leur tour, et le mouvement a prospéré.
Un de mes souvenirs et explication de mon départ, c’est le
sentiment de m’être aperçu que l’antisémitisme existait même dans ce milieu. Dans
le dojo, les débutants portaient des sortes de robes noires, et, avec les
années et la maîtrise de « l’asseoir », la couleur de la robe
devenait blanche. J’ai gardé mes deux robes de moine zen, la noire et la
blanche. C’est intéressant, sachant que je travaille avec les couleurs, le noir
et le blanc. Je les ai gardées. Je ne les porte plus, mais cela me sert de
robes de chambre. On se déshabillait, puis on mettait nos robes après en avoir
reçu l’ordination, puis nous faisions le « zen ». Nous travaillions
sur la posture, de façon à voir ce qui se passe dans le cerveau. Nous apprenions
beaucoup sur le rapport entre le corps et l’esprit.
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