souvenirs de ma relation avec André Hajdu 15-08-16 partie 7
Ce n’est pas le temps qui passe, André
disait les derniers temps : « le temps ne passe pas ». Je lui
demandais comment pouvait – on dire cela. Je lui proposais mes arguments :
l’image du fleuve qui coule, etc… Croire les idées que l’on nous propose sur le
temps, par exemple le calendrier officiel, l’histoire, les dates, la
chronologie, nous rend paresseux pour sentir le temps intérieur. La minute de
l’artiste n’est pas la même minute que celle du scientifique ou de celui qui
pense « le temps, c’est de l’argent ». Dans la minute de l’artiste ou
de celui qui médite et contemple est contenu l’infini dans le fini. Un morceau de
musique ou une peinture peut se dire construit ou fini. Sa forme est sa limite.
En incarnant la vision ou l’audition de ce fini qui nous est proposé, l’artiste
la transpose dans une forme qui doit couler, couler comme un fleuve qui sait
contourner les accidents que sont les pierres qui jalonnent son parcours. Le
cadre d’un tableau est la limite de son fini, l’intérieur est son infini. Comme
le jeu des « poupées russes », chaque forme est contenue dans une
autre forme, nous permet de comprendre qu’il n’y a pas réellement de début et
de fin, mais des métamorphoses. Regarder un tableau, c’est entrer dans un autre
temps et un autre espace. Jouer de la musique, c’est vivre aussi cette
sensation.
André et Hedi, m’ont fasciné, attiré,
et concentré mon attention d’une manière exclusive. Par lui, et son entourage,
ils devenaient les personnes les plus importantes de ma vie. Cela dure depuis soixante
ans. Ils m’ont transformé, et j’ai dû longtemps lutter contre cette attirance
dont j’avais peur qu’elle soit une idolâtrie. Malgré mon ignorance sur mon
identité juive, je savais que pour un juif, le combat le plus important est de
lutter contre toutes les formes que prend l’idolâtrie. Ne pas trouver de
justification pour servir les formes de l’idolâtrie. Regarder et écouter d’une
manière critique et bienveillante aux « dires » et à leurs
explications. Chercher à les écouter avec les oreilles du cœur et non pas
celles de la raison.
Faire attention pour lutter contre
l’idolâtrie. Changer son langage. Essayer de se comprendre à travers ce que
l’on dit, chercher à être vivant, consciemment, pour sortir des habitudes
mortes, sentir que la vie se meut et se change.
André me disait souvent :
« Je suis comme un nuage. Je suis aussi du signe astrologique du Poisson. ».
Être comme un nuage, c’est avoir la possibilité de prendre toutes les formes. Que
voulait – il me faire comprendre ?
Quelle est la théorie du nuage, des
livres ont été écrits à ce propos ? Je regarde un nuage et je peux
imaginer la forme selon ma subjectivité. Voir ceci ou voir cela. Le « sans
forme » devient « forme » grâce à mon imagination. Il n’a pas de
forme, mais je peux lui donner une forme dans mon imagination. Cette
imagination immense qu’ont les enfants.
André avait cette possibilité de
pouvoir prendre des formes différentes. Il avait un peu de la nature d’un caméléon
ou d’un papillon, capable de transformations.
Quand on lui parlait et que l’on
croyait qu’il n’entendait pas, il sentait cela en étant un peu vexé. Il
expliquait, parfois, quand je lui demandais, son comportement et sa manière
étrange d’appréhender le discours de l’autre. Il me disait :
« j’essaye de comprendre comme cela ». Je me demande encore
aujourd’hui ce que veut dire « comprendre comme cela ».
Il pouvait expliquer sa manière
étrange de conduire une voiture. Il me proposait souvent de me raccompagner
chez moi, je l’observais en surmontant ma peur, et en ayant pris le risque.
J’avais souvent demandé des
explications sur ses conduites à propos de sa conduite en voiture. Il disait :
« je conduis par intuition sensitive, mais je n’ai pas eu d’accidents
graves ». Je lui répondais que j’avais l’impression qu’il avait deux anges
à côté de lui, pour le protéger, et nous permettre de survivre quand il
conduisait.
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