Introduction "Microcosmos pour Guitare" 30-01-17
André Hajdu a composé, à Paris, un livre
pour guitare appelé "MICROCOSMOS
pour GUITARE". Il s'agit de petits morceaux destinés à apprendre à jouer de la guitare
de la manière la plus musicale
possible.
Ce
titre fait référence au titre des
livres composés par Béla Bartók "MICROCOSMOS
pour PIANO".
André Hajdu a été élève de Zoltán Kodály qui, avec Béla Bartók, ont révolutionné l'enseignement
musical en Hongrie donnant, jusqu'à ce jour les plus
grands musiciens.
Comment
entrer de la musique, sans se préoccuper du langage ou de la grammaire
musicale ?
Comment
éliminer les
difficultés d'un enfant ou
d'un amateur désireux d'étudier sincèrement la musique ?
Dans
le système scolaire de
nombreux pays, la pensée politique instaure
une sélection. L'amateur, avant de commencer à pratiquer son
instrument doit apprendre à lire la musique pendant trois ans, passer
par les classes de solfège, ce qui permet au
système d'éliminer bon nombre
de futurs musiciens. Ces candidats n'ayant pas toujours la patience d'attendre
une hypothétique entrée dans la classe de
l'instrument, abandonnent leur projet.
Mon
expérience, au sein de
ces institutions, m'a permis de comprendre et d'analyser la violence d'un système, qui force les élèves à penser à la finalité plutôt qu'à la manière qui mène au plaisir
d'apprendre.
La
langue maternelle s'apprend en douceur dans un rapport qui se crée entre la Mère et l'enfant. Dans
cette relation, la parole s'apprend avant l'écriture.
Le
lien de transmission (les parents, le professeur ensuite) doit passer de main
en main, sans violence, comme dans une course de relais.
Ainsi
la transmission (le relai) sera assimilée de manière organique par le
débutant et l'amateur
de musique. Un transmetteur est celui qui enlève les petits
cailloux, les difficultés sur la route du
savoir et de la tradition et facilite donc le chemin.
Dans
ce sens, mes efforts pédagogiques et mes
recherches m'ont amené à créer ce BLOG, basé sur
"MICROCOSMOS pour GUITARE" en
pensant à une manière, que je voudrais
la plus efficace, pour nettoyer la route au futur musicien guitariste.
Je
cherche et continue à imaginer une aide à l'intégration de ce double acte
"lecture et écoute". Voir, regarder, entendre, écouter.
La
vision, avec son rythme plus rapide, permet une saisie du mouvement que la
vitesse lente de l'écoute ne permet pas.
Concentrer
le néophyte sur la mémoire et l'intégration de
l'instrument avec le corps d'une manière douce, élargir ses
possibilités, apprendre à mémoriser dans le
plaisir et non dans la contrainte, attirer l'attention sur la conscience du
geste pour le mémoriser sont les
objectifs à atteindre.
La
parole d'explication peut perturber l'apprentissage, voire créer une barrière entre l'élève et le professeur.
En
effet, dans l'enseignement musical, la parole peut créer des crispations
et des blocages si elle est mal interprétée.
Il
s'agit plutôt d'instaurer une
relation vraiment audio-visuelle : Audio parce que le musicien doit faire
attention à ce qu'il entend et
visuelle parce qu'il doit comprendre la partition et suivre les indications.
Nous
veillerons donc à porter une
attention soutenue à l'écoute et à la vue.
Diverses
considérations doivent être prises en compte
:
-
enseigner en servant d'exemple visuel
afin que l'amateur mémorise visuellement
les gestes. Notons l'importance des neurones miroirs.
-
Sensibiliser l'amateur à la différence qui existe
entre la vitesse rapide de la vision et celle plus lente de l'écoute.
-
Nettoyer le chemin du
"savoir-faire".
Nettoyer
le chemin du "savoir-faire" c'est éliminer la peur de faire des erreurs.
Cette
peur que tout le monde ressent face à quelque chose qu'il voudrait pouvoir
faire sans savoir "comment".
Dans
ce travail, j'accorde de l'importance à la priorité du "faire
attention".
Pour
éliminer la violence
des mouvements du corps, face à des gestes nouveaux qui devront s'adapter à un nouvel
instrument, il faut penser à l'instrument comme à un prolongement du corps et de la main.
Il
est également nécessaire d'appendre à ne pas se précipiter pour arriver
au but, apprendre à prendre son temps :
le temps, le rythme, le mouvement sont le squelette de la musique.
Quand
arrive le moment de jouer, il est bon de nettoyer son esprit de toutes les
images vues et enregistrées sur les différentes manières de jouer de la
guitare pour ouvrir et créer son propre son.
L'imitation
stérile n'aide pas a découvrir son propre
monde.
Le
transmetteur se doit d'enlever les pierres de ce chemin. C'est à celui qui prend la
responsabilité de transmettre
qu'incombe cette tâche.
Il
s'agit pour lui de faire passer une connaissance sans l'ambiguïté du "mot".
Selon
moi, la musique ne rentre pas dans les domaines où le savoir est
transmis à l'aide des mots.
Il
s'agit d'amener le futur musicien à sentir et non à comprendre, afin de
l'amener à s'ouvrir à ce langage non
verbal, le langage musical. Ce dernier donne accès à un autre domaine de
connaissance.
De
ce fait, l'expérience musicale est
un autre genre d'expérience
communicative.
Dans
la pratique artistique, nous ne pouvons pas employer le mot de
"perfection". Il faudrait penser au mot "excellence".
L'idée de perfection est
liée à l'angoisse du temps
qui passe, la peur de faire une erreur, la pensée de la totalité et de la finalité.
L'artiste
tend, malgré lui vers l'inachevé.
La
musique vivante n'est pas protégée par le risque de faire une erreur.
L'artiste
n'est pas un ingénieur qui produit un
objet fini et renouvelable à loisir. C'est un homme fragile marchant
comme un funambule sur une corde raide.
C'est
par miracle que son produit, si c'est un produit, peut aboutir.
Si
la musique est un langage, il est non verbal et ne signifie pas.
C'est
un langage qui ne porte pas sur le sens, comme sur le sens d'un mot.
Les
codes de la musique sont simples : une corde produit un son qui s'appelle une
note.
Il
faudrait sentir en écoutant la musique de la voix humaine qui parle.
Ne
pas se concentrer uniquement sur le sens des mots mais sur la musique avec
laquelle ces mots sont articulés. Le son vivant de chaque individu étant unique, chaque être vivant possède un son qui le
distingue entre tous.
La
transmission est un devoir pour aider l'amateur à se transformer, se
métamorphoser, s'améliorer lentement
sans brutalité, dans la douceur,
celle qui aide à épanouir chaque
personnalité.
Au
début, l'amateur ne
peut tout mémoriser, parce qu'il
y a beaucoup de notions à assimiler : calmer
son corps, savoir diriger sa vision et son écoute, trouver une position confortable, etc....
Dans
ce BLOG, sans quitter l'esprit de la musique,
je joue le plus simplement possible. J'introduis le morceau en jouant
avec des petites formules rythmiques, je prends mon temps pour avancer peu à peu dans la
continuité, le flux et le
plaisir.
Lire
et comprendre une partition de guitare est compliqué. J'essaie de résorber
ces
obstacles en faisant agir la mémoire afin que la partition devienne un
tableau comme un tableau de peinture que l'on contemple.
Cette
action permettra ainsi de mémoriser plus aisément tous ces codes.
Dans
l'enseignement occidental, le corps est ignoré depuis Descartes et
son insistance à séparer le corps de
l'esprit. Cette dualité a tué énormément de
talents.
J'ai
choisi d'enseigner à partir du livre
d'André Hadju pour lui
rendre hommage, hommage à son amitié et à sa patience.