20/09
Penser
la science et ses effets nous ont ôté le sourire.
La
technologie et ses bienfaits, celui surtout de l'accès à la connaissance m'a
permis de m'épanouir.
Le
rire m'aide à mieux respirer et à mieux comprendre.
Depuis
l'âge de 17 ans, André me parlait de l'âme.
Ce
MOT est apparu souvent dans nos conversations. Son insistance à évoquer l'âme me mettait en
tension car à cette époque ce mot me semblait incompréhensible.
Je
me donnais l'illusion de l'appréhender. Mais en réalité je ne savais pas
vraiment ce qu'il voulait dire.
En
réalisant que je ne
comprenais pas ce mot, j'ai commencé à l'étudier grâce aux conférences que j'écoutais en cherchant
sur le net.
De
nouvelles associations sont apparues pour mieux décrypter ce mot.
La
traduction du mot âme en hébreu et dans les
sonorités de l'hébreu הנשמה l'âme et הנשימה la respiration
Cela
veut-il dire que la vie va avec la respiration ?
Dans
d'autres traditions nous retrouvons la même idée. Le Chi chinois
nous enseigne aussi que le principe vital se retrouve dans la respiration et
dans le ventre. Cette énergie qui vient du
ventre, et bien les chercheurs ont découvert qu'il y a autant de neurones
dans l'estomac que dans la tête.
L'estomac
serait un 2e cerveau.
En
anglais il y a aussi une distinction entre le mind et le soûl.
La
respiration maintient le corps.
Comment
l'âme fonctionne t'elle
par rapport au corps ?
Comment
arriver à partir de ces
distinctions âme-corps-esprit à clarifier nos
concepts ?
Qu'est-ce
que l'esprit ? Je ne me souviens pas qu'André me parlait de l'esprit. Non lui insistait et mettait toujours plus
l'accent sur l'âme.
Ces
études m'ont aidé à sentir mon âme.
Jusqu'à présent ces questions
m'inquiètent !
Dans
la musique comment fonctionne l'âme quand un artiste joue et que son
corps y participe ?
Soigner
son âme ? Est-ce soigner
son corps ?
Je
repense encore à l'énorme responsabilité, une responsabilité qui venait du cœur,
du sentiment de vouloir aider André dans ses difficultés face à la maladie.
Je
lui ai alors proposé des massages.
J'avais
commencé à l'aider lors de sa
première chimiothérapie et puis
pendant quelques temps, le rapport tactile a dû être interrompu.
Au
mois d'août, il a reçu sa dernière chimiothérapie. Les médecins avaient jugé qu'il était guéri de ce cancer mais
n'avaient pas détecté le virus qui l'a
emporté en quelques
jours. André est mort d'une
inflammation des bronches ne pouvant plus manger, boire, parler.
En
le soignant j'avais constaté que son corps était très chaud sans penser
qu'il avait de la fièvre.
J'ai
interprété cette chaleur par
le fait qu'il voulait toujours être couvert. Il avait froid même dans ces chaleurs
du mois d'août.
Je
n'avais pas fait le rapprochement entre la fièvre et la chaleur.
3
jours ont suffi pour que le virus gagne très rapidement du terrain.
Dimanche
matin, Ruth a appelé les médecins qui l'ont
dirigé au service des
urgences. En téléphonant à Ruth, elle m'a
raconté le déroulement de la nuit
et le transfert d'André aux urgences.
J'ai
immédiatement pris un
taxi pour l'hôpital. Le chauffeur
de taxi a été admirable, il n'a
pas voulu déranger mon trouble.
Nous avons échangé quelques paroles
qui m'ont réconforté et en arrivant à l'hôpital il s'est excusé du temps perdu à cause des
embouteillages.
En
arrivant dans le service, j'ai trouvé André et Ruth étaient installés dans un petit box.
Le
médecin est arrivé pour effectuer la
pose d'un cathéter à la base du cou pour
administrer les traitements, les infirmières n'ayant pu trouver de veine.
Ruth
ne pouvait pas supporter d'assister à cette intervention. Elle a demandé à ce que ce soit moi qui maintienne la tête de son mari.
J'ai
tenu la tête d'André tout en lui parlant
pour lui expliquer ce qu'on lui faisait.
Je le rassurais tout en lui promettant que l'opération serait bientôt terminée.
Nous
avons dû attendre jusqu'à 14h pour qu'une
place se libère dans le service
de médecine générale faute de lit en
oncologie.
J'ai
rapidement vu sur son visage les effets de la réanimation. La
couleur sombre de son visage s'estompait.
Il
articulait des sons que l'on entendait pas.
S'apercevant qu'on ne le comprenait pas il agitait ses mains. D.E.
et Yoni Niv étaient avec nous
dans le box et essayaient de donner une interprétation aux gestes
d'André
Je
suis revenu à l'hôpital ce dimanche
soir vers 19.00 et j'ai proposé à Ruth d'aller se reposer. Je resterai
à côté de lui la nuit.
Elle m'a annoncé que ses enfants
avaient engagé une dame qui le
garderait jusqu'à 7h du matin.
Vers
8h, Shmoulik, un ami qui se considère comme son fils adoptif est venu et
a proposé à Ruth d'aller
prendre un café.
Dans
ce moment de solitude, les machines ont commencé à sonner. Les réanimateurs sont
venus. Que s'est-il passé ? Je ne sais pas.
André était devenu très sensible aux
bruits des machines qui le maintenaient en vie.
Il
était sourd depuis
quelques années et ne supportait
pas du tout ses prothèses auditives. J'ai même douté de sa surdité, j'avais l'impression qu'il entendait ce qu'il
voulait bien entendre
Son
rapport à la technologie était étrange. Ce n'était pas un refus
mais une manière de l'ignorer.
Il
ne savait pas mettre ses appareils auditifs. Il n'avait jamais supporté le
contact d'une alliance.....
Comment
vivait-il ce rapport avec les prothèses et pourquoi ne supportait-il pas
ces corps
étrangers.