Monday, January 16, 2017
souvenirs de ma relation avec André Hajdu 27-09-16 partie 3
Depuis quelques années, je n’accepte plus d’invitation, et j’essaye
de comprendre cette sorte d’asociabilité. Je préfère organiser mes rencontres dans
les cafés pour que le dialogue soit plus facile, l’espace du café étant un
espace « neutre ».
Frédérique H. habite maintenant Paris avec le fils qu’elle a
eu avec Loulou. Je ne « courriellise » pas avec elle, car elle ne
répond pas aux envois. Après notre rencontre, et une petite vie en commun, elle
a eu envie de devenir une chanteuse, compositrice et interprète. Loulou et moi avions une
estimation différente de ses qualités artistiques. Après notre séparation, et
sa vie avec Loulou, à présent, elle fait de la peinture. A ma dernière visite à
Paris, elle m’a invité à voir ses peintures et dessins. Elle m’a exposé des
dessins qui me représentaient. Dernièrement, elle a récemment utilisé des
nouvelles techniques de peintures que j’ai aimées. Elle est maintenant séparée
de Loulou. Loulou n’étant pas un homme facile, je peux comprendre ou
interpréter les motifs de leur séparation. Loulou T., être constant, n’a jamais
voulu abandonner un amour d’enfance, duquel il a eu une fille. Cet amour d’enfance,
étant marié avec un ami d’enfance de Loulou. C’est la « soupe
parisienne », où sont plongés les émigrés, les transplantés que nous
étions. Mon éthique, heureusement, m’a permis de ne pas manger de cette même « soupe ».
J’avais des « défenses immunitaires » pour me protégé contre
l’immoralité de ce type de relations.
Loulou vit maintenant avec son chat dans un studio pour les
artistes, et me raconte les dialogues qu’il entretient avec son chat. Son chat
lui parle. Il a eu deux enfants, une fille qui lui avait été cachée, et le fils
qu’il a eu avec Frédérique H.
Ma réaction dans ce type d’évènement, de plus en plus
fréquent dans notre modernité, a été de ne pas choisir de faire des compromis. Il
s’agissait de rompre, non pas seulement pour ne pas souffrir, mais pour éviter
de se trouver dans des situations inconfortables.
Comprendre les différences fondamentales entre l’amour et l’amitié.
Ne pas confondre.
Il y a des gens avec qui l’on peut continuer à être en
relation amicale après une relation amoureuse. Je n’ai pas voulu vivre en trio,
sujet des « comédies de boulevard », mais m’écarter et ne plus avoir
de relation, ni avec Frédérique, ni avec Loulou.
Après quarante ans de silence, grâce à Dadou, j’ai changé ma
position, et j’ai voulu « nettoyer » ces relations, tout en
connaissant les limites du « nettoyage ».
Dans ces années soixante-dix – quatre-vingt, André n’habitait
plus Paris. Venant d’Israël pour une visite, il avait choisi d’habiter dans un
petit hôtel, dans une rue proche de la rue du Faubourg Montmartre, qui était à
l’époque un quartier où se trouvaient beaucoup de restaurants tunisiens. J’étais
encore sous le choc de ma rupture avec Frédérique, ressentie comme une
catastrophe. Voulant en parler avec André, André, par pudeur naturelle, tout en
écoutant ma douleur, n’a pas cherché à me donner une direction de comportement.
Cette douleur insupportable m’a poussé à chercher une
solution spirituelle. Je suis devenu moine « zen » dans le dojo de
Maître Deshimaru. Je pensais que cette discipline m’aiderait à chercher un
repos pour mon âme, et ne pas cristalliser cette douleur, mais à la fluidifier.
Cette technique, « l’asseoir », a beaucoup aidé à guérir mon dos,
crispé par la mauvaise manière de m’asseoir pour jouer de la guitare.
Après trois ans, j’ai quitté ce Maître zen. Tous les
« collègues » qui débutaient dans cet enseignement à l’époque sont
devenus chefs de mouvements « zen », de cette tradition qui leur
avait été enseignée à Paris. Le « maître » est mort. Eux – mêmes sont
devenus « maîtres » à leur tour, et le mouvement a prospéré.
Un de mes souvenirs et explication de mon départ, c’est le
sentiment de m’être aperçu que l’antisémitisme existait même dans ce milieu. Dans
le dojo, les débutants portaient des sortes de robes noires, et, avec les
années et la maîtrise de « l’asseoir », la couleur de la robe
devenait blanche. J’ai gardé mes deux robes de moine zen, la noire et la
blanche. C’est intéressant, sachant que je travaille avec les couleurs, le noir
et le blanc. Je les ai gardées. Je ne les porte plus, mais cela me sert de
robes de chambre. On se déshabillait, puis on mettait nos robes après en avoir
reçu l’ordination, puis nous faisions le « zen ». Nous travaillions
sur la posture, de façon à voir ce qui se passe dans le cerveau. Nous apprenions
beaucoup sur le rapport entre le corps et l’esprit.
souvenirs de ma relation avec André 27-09-16 partie 2
Quand j’ai partagé ma vie avec Frédérique, elle eut beaucoup
de bonnes intentions, et une volonté d’extérioriser mon travail. Grâce à elle
et ses efforts, elle a pu faire imprimer le livre d’André. Elle a trouvé un
éditeur, qui a imprimé le livre « Microcosmos pour Guitare ». Loulou,
le cousin de Dadou, à qui j’avais demandé d’illustrer la couverture, a fait une
gravure en reprenant les photos de Burt Krancer, cet ami cinéaste colocataire
de la chambre dans la Maison d’Etudiants rue Guy Patin. Cette gravure
représente, sur un fond noir, une danse de mains en lignes dorées.
Je suis actuellement en train de préparer une nouvelle
édition avec un essai pédagogique de l’écriture de ces morceaux afin de
faciliter la lecture pour les débutants et les amateurs de guitare. J’aurais aimé
pouvoir le finir avant son départ. Je lui en avais parlé. Il n’y était pas
réticent, mais j’aurais voulu qu’il puisse l’entendre. Il est étrange que je n’aie
pas pensé plus tôt à le faire, peut – être est – ce dû à mon interruption comme
professeur.
J’avais enregistré certains morceaux du livre avec mon
professeur de Zarb, Djamchid Chemirani. Cela a donné un petit
« quarante-cinq tours », qui était accompagné d’une gravure originale
de Loulou. Je reprends cette idée d’accompagnement au Zarb avec Yaniv Schentser,
un de mes élèves de Zarb, et Yoni Niv, élève d’André qui ajoutera le son de son
violoncelle aux compositions d’André.
Frédérique m’a aidé à sortir de mon « état » de
« professeur ». J’étais à l’époque professeur à la « Schola
Cantorum », où elle était venue s’inscrire pour apprendre la guitare. Elle
habitait avec sa famille à Saint – Germain – en – Laye, qu’elle a quittée pour
venir habiter avec moi, rue des Blancs Manteaux. Elle avait rencontré Tony
Gatlif, devenu metteur en scène, né en Algérie, de mère Tzigane, dans un cours
de théâtre qu’elle suivait avec Sylvie. Sylvie s’est mariée plus tard avec
Dadou.
Après quelques mois de notre vie commune rue des Blancs
Manteaux, nous avons décidé de louer une petite maison à Maisons – Laffitte,
avec Tony Gatlif et une autre amie de Frédérique. A présent, Tony Gatlif est devenu
un metteur en scène mondialement connu. Quand il a commencé à faire ses
premiers films, il avait demandé à Frédérique si je pouvais écrire des chansons
pour son film. Frédérique avait écrit les paroles, j’avais écrit la musique. Cette
cohabitation et nos stations matinales dans la cuisine où nous prenions notre
petit – déjeuner, nos échanges et nos espoirs pour la réalisation de nos désirs
artistiques, lui a permis de prendre et d’insérer dans ses films nos
discussions et mon comportement. Une année passée ensemble dans cette campagne
qui vivait de l’élevage et du dressage et chevaux de course était un étonnement
pour moi. Loulou Taïeb venait nous visiter avec sa voiture de sport, qu’il
avait réussi à s’acheter grâce à la réussite de son travail de maquettiste.
Loulou, malgré son état, a voulu voyager et a habité chez
moi une semaine. Il connaissait André, et a voulu le visiter. André était déjà
souvent alité. C’était une semaine où nous avions pu « nettoyer » et
parler de nos années d’amitié. A son retour, il a écrit une lettre à André, et
j’ai été étonné de ne rien recevoir de lui.
Loulou m’a récemment téléphoné pour s’excuser car il avait
senti un peu que j’étais blessé. Mais il ne m’a pas écrit. Il m’a dit :
« je viens de recevoir la lettre que je t’ai écrit en même temps qu’à
André, elle m’a été retournée ». Après quarante ans de silence où je ne
lui ai pas parlé et je ne l’ai pas vu, dans une de mes visites à Paris, grâce à
Dadou, je me suis remis à parler à Loulou. Nous marchions boulevard
Beaumarchais, son téléphone sonne. C’était Loulou. Dadou m’a passé son
téléphone sans m’avoir dit à qui j’allais avoir à parler. Nous avons pris
rendez – vous et je suis allé le visiter dans son studio, dans le dix-septième
arrondissement. On a passé trois heures ensemble. J’ai senti ces moments
agréables et frais et que l’on pouvait nettoyer une amitié. Je ne voulais pas
finir ma vie avec les mauvais souvenirs que son comportement avait provoqués en
moi. La visite a été agréable, et j’ai été heureux de notre conversation.
Avec Loulou, Sidi, et Dadou, nous avions une manière de rire
que je n’ai jamais retrouvée. André ne riait pas beaucoup. Loulou, c’était le
rire. Avec Sidi, on pouvait se rouler par terre de rire. Il était comédien.
Sa visite a questionné mon désir de le revoir si je vais à
Paris. Je doute. Mais le rapport n’est pas rompu. Loulou a voulu renouer la
relation. Avant son départ pour Paris, j’avais écrit un texte pour lui, qui l’a
touché. Je lui avais dit de le lire seulement dans l’avion. Il m’avait demandé
si c’était de moi. Je ne m’en souvenais plus.
Loulou ne s’est pas remarié après sa liaison avec
Frédérique. J’ai revu Frédérique plusieurs fois. La dernière fois, elle avait
organisé un petit repas avec Loulou et Muriel, une amie commune.
Venant d’Israël, je me retrouvais dans des
« codes » anciens et nouveaux, et j’ai dû me réhabituer à leur
langage pour ne pas avoir l’air de tomber du ciel. Comprendre ce qui se passait
dans ce rapport de force entre deux femmes, et leur rapport avec Loulou.